Depuis des siècles, l’Église catholique défend la véritable nature de l’ordre naturel contre le jansénisme, relayé de nos jours par le néo-modernisme.
Ci-dessous les textes soulignés sont des extraits du document pontifical condamnant l’erreur. Les textes non soulignés sont les propositions nommément condamnées (cf., en note, les références des recueils de textes doctrinaux de Denzinger ou Dumeige).
Auteurs | Propositions condamnées | Condamnations |
BAÏUS 1513-1589 | « Toutes les œuvres des infidèles sont des péchés, et les vertus des philosophes des vices.[1] » | st Pie V 1567 Ex omnibus afflictionibus |
BAÏUS 1513-1589 | « La distinction d’un double amour : le naturel, par lequel on aime Dieu comme auteur de la nature, et le gratuit, par lequel on l’aime comme l’auteur de la béatitude, est trompeuse et inventée pour se moquer des saintes Écritures et des nombreux témoignages des anciens.[2] ». | st Pie V 1567 Ex omnibus afflictionibus |
JANSÉNIUS 1585-1638 (cf. aussi l’abbé de Saint-Cyran et les Arnaud) | « Certains commandements de Dieu sont impossibles pour les justes avec les forces qu’ils ont dans cet état présent, quels que soient leur volonté et leurs effort : il leur manque aussi la grâce qui rend possible de les accomplir.[3] » | Innocent X 1653 Cum occasione |
Les augustinistes[4] : Card. Henri NORIS 1631-1704 | « Chez les infidèles nul acte de vertu n’est possible parce que seule la foi peut suffisamment diriger l’intention vers la fin dernière.[5] » | Pie XII 1950 Humani generis |
QUESNEL Pasquier 1634-1719 | « La grâce d'Adam est une suite de la création, et était due à la nature saine et entière[6] ». | Clément XI 1713 Unigenitus |
QUESNEL Pasquier 1634-1719 | « Toute connaissance de Dieu, même naturelle, même chez les philosophes païens, ne peut venir que de Dieu ; sans la grâce, elle ne produit que présomptions, vanité et opposition à Dieu lui-même au lieu des sentiments d’adoration, de gratitude et d’amour.[7] » | Clément XI 1713 Unigenitus |
Le synode de Pistoie 1786 | « La doctrine du synode (de Pistoie) au sujet de l'état d'heureuse innocence, telle qu'il la représente dans Adam avant le péché […] insinue que cet état fut une suite de la création, dû en vertu d'une exigence naturelle et de la condition de la nature humaine, et non un bienfait gratuit de Dieu : < est > fausse, déjà condamnée dans Baïus et Quesnel, erronée, favorisant l'hérésie pélagienne.[8] » | Pie VI 1794 Auctorem fidei |
Le synode de Pistoie 1786 | « Le premier homme fut créé par Dieu dans un état d'heureuse innocence, et il ne pouvait sortir autrement des mains du créateur. Tout autre état est une chimère, dégrade l'humanité et combat les perfections d'une Providence souveraine.[9] » | Pie VI 1794 Auctorem fidei |
Les modernistes | « Ils paraissent admettre dans la nature humaine, au regard de l'ordre surnaturel, non pas seulement une capacité et une convenance…mais une vraie et rigoureuse exigence.[10] » | st Pie X 1907 Pascendi |
Cardinal Henri de LUBAC 1896-1991 | « D'autres déforment la vraie notion de gratuité de l'ordre surnaturel, quand ils prétendent que Dieu ne peut créer des êtres doués d'intelligence sans les ordonner et les appeler à la vision béatifique.[11] » | Pie XII 1950 Humani generis |
- Les propositions condamnées se retrouvent encore de nos jours en substance dans des articles récents :
« Car sans la grâce de Dieu, la pauvre nature humaine s’effondre misérablement dans le vice, l’erreur et le chaos.[12] »
« Tous nos actes sont de droit sinon de fait à la fois naturels et surnaturels, et donc méritoires ou déméritoires par rapport au salut.[13] »
- Le p Renwart[14], commentant Humani generis, résume la condamnation des baïanistes, des augustinistes (Noris), des jansénistes, des modernistes et des lubaciens (de Lubac) en disant :
« Peu importe donc le motif pour lequel on déclarerait impossible son refus (d’une exigence de surnature, de la part de Dieu) : que ce soit, dans l’ordre des moyens, une exigence de la grâce fondée en dernière analyse sur la nature humaine, ou sur la convenance qui s’impose au Créateur[15],
ou, dans l’ordre des fins, une exigence ontologique découlant de la nature de Dieu ou de celle de la créature intelligente et libre. »
Bernard de Midelt
Pour Stageiritès
[1] G. Dumeige : [626] 1025.
[2] G. Dumeige : [633] 1034.
[3] G. Dumeige : [635] 1092.
[4] On dit aussi les « pseudo-augustiniens » ; cf. Bartmann B. mgr, Précis de théologie dogmatique, tome II p 88 et tome I p 337.
[5] Noris, Vindiciæ augustinianæ, c III, § 4 (cité par E Portalié, article Augustianisme - École et système des augustiniens, DTC).
[6] 24. Denz., 1385.
[7] G. Dumeige : [644] 1391.
[8] 30. Denz., 1516.
[9] Décret sur la grâce du Synode de Pistoie, 4è paragraphe (Acta et decreta synodi dioecesanae Pistoriensis an. 1786, Ticini, 1789, p. 131 ou Mansi, XXXVIII, col. 1018).
[10] Pie X st, Pascendi dominici gregis, (08/09/1907).
[11] Pie XII, Humani generis (12/08/1950).
[12] Devillers Guillaume, Politique chrétienne ou politique séparée ?, Courrier de Rome n° 362, janvier 2013, p 3.
[13] Devillers Guillaume, Politique chrétienne ou politique séparée ?, Courrier de Rome n° 362, janvier 2013, p 2.
[14] Renwart Léon sj, La “nature pure” à la lumière de l’encyclique Humani generis, NRT 74 (1952), n°4, 337-54.
[15] Ce fut la position de Noris et de son école. Malgré les louables efforts du R. P. Trapè et l’énorme appareil d’érudition dont il les appuie, nous persistons à croire que ce document pontifical porte le coup de grâce à la doctrine fondamentale de l’école augustinienne rigide : n’accordant à Dieu qu’une puissance absolue de ne pas donner sa grâce à la créature, elle ne sauvegarde pas chez lui la possibilité vraie de ne pas appeler l’homme à la jouissance effective du surnaturel. (Note de L. Renwart sj)